Efficience de la Fertilisation azotée

L'essai fertilisation azoté mis en place en 2024 par la Chambre d'agriculture d'Eure & Loir sur ma parcelle de blé dur a rendu ses résultats. L'objectif était de valider la dose conseil Azofert, de tester les différents fractionnements des apports et de mesurer l'intérêt de la fertilisation azoté.

Dispositif

L’essai a été mis en place et suivi par la Chambre D’agriculture d’Eure & Loir, sur une parcelle de blé dur, variété Anvergur, semé en direct derrière une culture de colza. Le sol est du limon argileux moyennement profond sur calcaire.

Le reliquat sorti d’hiver mesuré sur 3 horizons est plutôt faible (39 unités), ce qui est lié aux cumuls de précipitations observés pendant l’hiver.

La dose conseillée calculée est de 256 u en 4 apports pour un objectif de rendement de 82 qtx.

L’essai est constitué de 4 blocs avec 16 modalités différentes; certaines avec des doses d’apports différentes pour étudier la courbe de réponse à l’azote, d’autres avec un fractionnement différent de la dose conseil et une modalité avec pilotage du dernier apport à la pince N-Tester.

Les résultats de l’essai présentent une très bonne précision (ETR : 1.2 – CV : 2).

Courbe de réponse

La moyenne de l’essai (61qx) est largement inférieure à la moyenne olympique de l’agriculteur mais conforme aux mauvais rendements obtenus en 2024 dans le département.

La réponse à l’azote est très faible sur l’essai : aucune différence significative n’est identifiée entre les doses de la courbe de réponse. Le rendement décevant obtenu sur la parcelle nivelle fortement les différences entre modalités, ce qui met en évidence l’existence d’un ou plusieurs facteurs limitants autres que l’azote.

Dans ces conditions, le rendement net maximum (meilleure efficience économique) est obtenu sur la modalité X-80, mais, sans prendre en compte les pénalités pour un taux de protéine inférieur aux normes de commercialisation.

Les doses inférieures X-80 et X-40 sont fortement pénalisées sur la protéine. A contrario, la dose X correspond à la première dose de la courbe de réponse avec un taux de protéines au seuil. La dose conseil est validée.

On note que le témoin sans azote (T0) présente un rendement relativement faible (37.9q) mais concordant avec les rendements habituellement obtenus sur cette modalité dans nos essais historiques pour le blé dur.

Avec fertilisation azotée
Sans fertilisation azotée

Fractionnements

Les divers fractionnements de la dose conseillée n’occasionnent pas de différences significatives de rendement.

La protéine est légèrement impactée : le taux de protéine passe sous le seuil de 14.5% pour les modalités avec un renforcement du premier apport à tallage et une conduite en 3 passages. La modalité avec une impasse tallage présente un taux de protéine élevé sans baisse de rendement significative.

Résultats bottillons et suivis reliquats

Les résultats bottillons sont largement supérieurs aux rendements machine obtenus dans l’essai mais les différences de rendement entre modalités restent cohérentes.

Le reliquat fin de culture est réalisé uniquement sur le témoin 0 et sur la dose X début juillet. Les deux reliquats sont élevés, en particulier celui sur la dose X. Ces niveaux de reliquats élevés sont cohérents avec les mauvais résultats obtenus sur l’essai et une probable mauvaise valorisation de l’azote dans un contexte où d’autres facteurs limitants ont pu jouer.

La mise en place d’un engrais vert ou CIPAN est indispensable pour éviter la lixiviation vers la nappe de Beauce.

Les résultats complets et détaillés de cet essai, ainsi que tous les autres essais mis en place par la Chambre d’Agriculture d’Eure et Loir sont disponible en adhérent à un groupe de développement.

Mes Conclusions

Les mauvaises conditions climatiques pour la récolte 2023-2024 n ‘ont pas permis d’atteindre le rendement objectif; malgré tout le taux de protéine de 14% nécessaire à la commercialisation n’est atteint qu’avec la dose conseil, celle ci est donc à nouveau validée.

Sans fertilisation le rendement est diminué de 3 T/ha cette année et de 4T en année normale et la qualité (taux de protéine) ne permet pas de la vendre en blé dur, soit une pénalité de 80 à 100 €/ T . Entre la baisse de rendement, la perte en qualité et en déduisant le coût de la fertilisation cela fait plus de 1000€ de perte par ha.

De plus sans fertilisation la production de biomasse est réduite avec moins de restitution de pailles au sol, entrainant une diminution de la matière organique sur le long therme et une baisse de la fertilité des sols. La fertilisation des cultures est donc indispensable.

Image de François Vanier

François Vanier

Porteur de projet dans le domaine de l'engrais azoté bas carbone.

Agriculteur en agriculture de conservation des sols